mardi 21 juillet 2015

Atelier d’écriture à partir de l’écriture en blogs de ses randonnées par Jean-Marie Mengin…




 Ce qui a donné envie à Yvette Noilly de nous offrir, impromptu, le récit jamais  écrit d’un lointain voyage.

C’est un  souvenir de voyage, un voyage marquant dans ma vie.


Eté 1968.

J’ai  traversé les évènements de mai,  et je m’apprêtais à réaliser  un projet longuement mûri…
Ce vieux rêve qui datait de mes 14 ans
                                                                     Aller à la découverte des Indes.

Pourquoi  étais-je attirée par ce pays ?

Encore aujourd’hui je ne saurais l’expliquer…
Après les formalités d’usage – visas, vaccins, je pars avec mon frère et un ami  dans ma voiture - une Ami 6 break.

1ère étape : la Bulgarie
Sofia - où nous connaissions un chercheur dans le nucléaire avec  qui, nous avions lié amitié lors de son séjour  à Grenoble.
Nous fûmes accueillis chaleureusement dans sa famille ; et il nous fit visiter la ville et ses environs…
Où nous étions encore en plein régime communiste.
Dénoncés par des voisins, nous vîmes la police débarquer car ils n’avaient  pas le droit de nous héberger.
Nous dûmes payer des taxes.
J’ai été surprise par les queues dans les épiceries  et le peu de marchandises disponibles.

Nous  continuons avec  la traversée de la Turquie, par le centre du pays,  où il n’y a pas plus de routes, mais une piste.
Paysages magnifiques.
Juste avant la frontière avec l’Iran nous croisons un ingénieur américain et son équipe turque entrain de construire un chemin de fer.
On se sentait dans un western.
Ils nous ont invités à partager leur repas.

L’Iran c’est une tout autre ambiance.
Des entrées de villages avec des arcs de triomphe décorés de fleurs à la gloire du  Shah et de la Shahbanou.
A l’intérieur des villages, la misère, des cloaques,  car pas de tout à l’égout…

Nous ne nous sommes pas éternisés et avons passé la frontière afghane pour nous trouver en fin de Moyen-âge.
D’immenses étendues désertiques…
Et quelques villes dans lesquelles les artisans et les commerçants exerçaient leur métier dans des échoppes ouvertes sur la rue (tailleurs, bottiers, ferblantiers, mécaniciens…)…

Mais quelle hospitalité !

Et on tombe
                     sur   des   gens   extraordinaires !

Nous avons traversé très très vite le Pakistan où, comme en Iran, on sentait toute  la prégnance de l’Islam
                                                       et la curiosité malsaine des hommes

La voiture est laissée à la frontière, nous voyagerons en train ou  à pied.

Enfin l’Inde !

Un dépaysement total.
Une vie foisonnante, des odeurs, des saveurs, mais aussi la misère extrême : les groupes de très très jeunes enfants, sans famille, mendiant dans la rue…  Des hommes et des femmes couchant sur les trottoirs…

Des vaches étiques errant ça et là.

Calcutta. Manifestation syndicale impressionnante, de quelques kilomètres. La nuit, la répression est féroce. Des personnes  sont arrêtées, soupçonnées  de communisme, et fusillées rapidement.
Nous traversons l’Inde en train du  nord au  sud  - en  train dans les filets à bagages de 3ème classe. Car les trains sont bondés, d’une foule hétéroclite – hommes, femmes bébé au  sein, berçant un autre enfant entre leurs jambes croisées sur la banquette…
Comme dans les gares et les lieux publics  des  crachats rouges contre les parois jusqu’à mi-hauteur, dûs à la noix de Bétel que les hommes  machouillent  à longueur de journée et qui leur teinte les dents  en  noir.

Reste - que nous apprécions - du colonialisme anglais : des douches dans toutes les gares. 

Puis nous passons à  Ceylan (actuel  Shry-LanKa), rizières  en courbes de niveau, avec, à leur sommet, de petits temples bouddhistes peints à la chaux en rose ou en bleu…
Le bonheur d’être sous les tropiques…
Nature exubérante, 

                              des fruits à  profusion…

Puis nous retraversons l’Inde du sud au nord jusqu’à Patna ; où nous prenons un petit avion pour Katmandou. Très belle architecture  des temples bouddhistes mais aussi des maisons ; nous visitons ce territoire avec des vélos chinois loués  - fort peu chers

Mais le temps passe et nous devons rentrer en France pour continuer nos études.

Ce voyage aura marqué ma vie à jamais.

Il fut notamment pour moi l’occasion d’une prise de conscience politique.

L'hospitalité de ces gens de toutes les classes, aisées ou pauvres, voir très pauvre, a aussi changé quelque chose en moi.


Voyage-randonnée, sac au dos…
Yvette Noilly

Chalencon le 26/07/2015


Yvette.noilly@orange.fr


NB. Le texte d'Yvette est intégré à l'exposition du travail de Jean-Marie Mengin, aux Baraques...



lundi 20 juillet 2015

Quand du travail de Jean-Marie et des débats qui l'accompagnent, nait un étrange écrit.


Atelier d’écriture à partir du travail d’écriture en blogs de Jean-Marie Mengin, des questions et réflexions qu’il suscite. (Chalencon 2015)

un étrange écrit


... que voici :



Pour  voir le Camino francès/GR65, tapez  1 
Pour  voir  le  GR5, tapez  2
Pour  voir  le  GR7,  tapez  3
Pour  voir  le  GR9,  tapez  4
Pour apprendre à utiliser les fonctions du langage,  tapez  5
Pour utiliser le mot  « grammarisation », tapez  6
Pour raccrocher ce répondeur soporifique, tapez  7

Ce répondeur dont nous ne voulons  pas  l’existence, ne  vous  répondra  jamais.




                                                                             Manon  CMZ  


NB Pour que chacun comprenne ; nous avons inséré ci-dessous la fiche sur la grammatisation





D''où la nécessité de publier la fiche sur la grammatisation

de référence du travail autour du concept évoqué...



Voir ci-dessous : 


GRAMMARISATION
Concerne les différents types de discours qui se construisent dans les médias écrits et audiovisuels.
(Cf  En 1997, Patrick Charaudeau proposait dans Le discours d’information médiatique. La construction du miroir social (co-publié par Nathan et l’Ina dans la même collection) une synthèse des travaux qu’il a entrepris depuis près de trente ans au Centre d’analyse du discours de l’Université de Paris XIII sur les différents types de discours qui se construisent dans les médias écrits et audiovisuels.
(https://edc.revues.org/409)


GRAMMATISATION
La grammatisation– expression qui prolonge et détourne un concept de Sylvain Auroux – désigne la transformation d’un continu temporel en un discret spatial : c’est un processus de description, de formalisation et de discrétisation des comportements humains (calculs, langages et gestes) qui permet leur reproductibilité ; c’est une abstraction de formes par l’extériorisation des flux dans les « rétentions tertiaires » (exportées dans nos machines, nos appareils).

Grammatiser, c’est donc discrétiser, en vue de reproduire.

(Bernard Stiegler. Ars Industrialis)
http://arsindustrialis.org/grammatisation

N.B. Reste entier ensuite le problème de l’utilisation des données grammatisées… Dont la question de la mise en place d’une société automatique, avec marchandisation des « data »



A lire, de  B.Stiegler « La société automatique » (Ed. Fayard)







samedi 18 juillet 2015

Marche & écriture

Ou quand Jean-Marie Mengin met la complexité de l'écriture numérique, les constantes et ressources de l'outil blog au service d'une publication-théâtralisation de ses observations, partages et réflexions, mais aussi de ses recherches et apports de savoirs relatifs aux spécificités du parcours d'origine, d'époques diverses, ou d'un  travail de mise en mots variant avec le type d'approche suscité et choisi - descriptif, philosophique ou poétique...

Comme si l'espace des marches et de leurs mises en relation ouvrait en grand celui de l'écriture 
- écriture conjuguant l'omniprésence du référentiel, ce contexte multiforme dont il se parle,
et auquel l'expression d'observations ou ressentis,
la volonté de les faire partager, comprendre,
la diversité d'un travail du code, débordant la volonté d'informer ou convaincre, de dire ce qui tient à coeur,
           pour explorer autrement l'inédit
                       notamment par l'introduction discrète d'incursions poétiques fouaillant la forme,                                          la chargeant de sens, insufflant un rythme au texte, et ouvrant sa polysémie,
                                   y  compris  par  le  maniement  -discret  mais  présent - de  figures  de            
                                              rhétorique   comme  l'hypallage...

Où l'écriture en blog, avec sa composante iconographique, son composite et sa complexité,  semble chercher, en médiatisant la randonnée,  à explorer tous les champs de rapports complexes et multiformes, par delà le simple rythme, entre la marche et l'écriture....

Comme si la randonnée était moyen privilégié de comprendre le monde... Voilà qui rejoint l'"éloge de la lenteur" appliqué par Jean-François Manier à la poésie ?

Ou quand l'utilisation d'outils tels que le tableau des fonctions du langage de Jackobson, le schéma explicatif de la lecture tabulaire de la poésie, le relevé de ses "critères" d'après  Meschonnic, l'exploration/prospection du texte sous l'angle du conatif, avec le "Dire c'est faire" et autres  écrits d'Austin,  Peirce, Ducrot, mettent en évidence - comme le coup de bêche de Duby dans le terreau de l'histoire - un composite  et une complexité, pourtant bien lissés, de l'écriture, ici numérique.


Quelques essais d'approche de cette écriture, du plus récent au plus ancien...Ou les nécessaires et lentes lectures et relectures des blogs prenant en compte les rapports entre textuel, images, codes couleur, liens hypertextes, mises en page et leurs relations - évidents ou surprenants passages d'une fonction à l'autre du langage, surtout lorsque l'évoqué renvoie à des choix sociétaux fondamentaux comme l'Inquisition ou la crise du logement en Espagne ou la transition énergétique... ou le respect de toute forme de vie...


Ecritures et marche en l'oeuvre de Jean-Marie Mengin


Rêver  <- théâtralisation  + <- poétique de l'écriture >


 Voyages en blogs de Jean-Marie Mengin





   
   
                                   A lire de bas en haut, de la phrase initiale aux variations en
                                 fonction de connotations, associations d'idées, hasards dont on
                                         peut ultérieurement se servir pour écrire ou faire écrire...
                                              Un travail,ici, sur le seul axe paradigmatique...



Travail sur l'axe syntagmatique ?
Du banal "Une souris qui courait dans l'herbe verte"
au traditionnel "Une souris verte qui courait dans l'herbe".
On pourrait aussi évoquer les "poches heureuses" de Jean-Pascal Dubost dans "Les quatre chemins" (Cheyne éditeurs) ou  "les myrtilles rougissantes" de Jean-Marie Mengin dans son GR7. Où la rhétorique, de plus en une énumération à rythme ternaire, s'avère d'une grande densité poétique, riche et polysémique, ouvrant de plus la voie à diverses  évocations littéraires...



Critères du poétique ?
On pourrait évoquer :
- "la forme qui fait sens" évoquée par Henri Meschonnic ( A étendre ici, ou transférer, ou plutôt détourner,  à l'écriture numérique -son composite et sa complexité en systèmes de systèmes composites et complexes, systèmes "tapissés de processus temporels" comme l'écrivait Edgar Morin... Et à la spécificité de la forme blog...
- le rythme ou la rythmicité, (y inclure là aussi l'analyse du visuel, des rapports texte/image, du symbolique...)
- la polysémie...(dans la complexité des écritures et de leurs relations, mais aussi dans celle de références externes et autres échos sociétaux, planétaires et de tous temps...)

Une oeuvre en construction à partir d'écrits textuels passés mais aussi à venir, et attendus avec beaucoup d'intérêt....
Une oeuvre dont les volets photographiques et visuels seraient également à étudier de manière plus approfondie...

Du point de vue de l'écriture poétique mais aussi de rapports multiples et complexes entre marche et écriture, médiations symboliques, corps et pensée...etc

J.C.

(à suivre...)